PROCÉDÉS GÉLATINO-ARGENTIQUES A DEVELOPPEMENT

Renger-Patzsch Albert, Nature morte aux cerises, Collection Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

Les premières émulsions monochromes au gélatino-bromure d’argent sont introduites à partir de 1871 pour la production de négatifs sur plaque de verre. La fabrication industrielle de papiers gélatino-argentiques à développement ne sera mise au point qu’après les années 1880, grâce aux améliorations chimiques ayant permis de les rendre nettement plus sensibles à la lumière que les aristotypes, émulsions à noircissement direct de l’époque précédente. Plus sensibles également que les chlorures d’argent qui même développés sont réservés au tirage par contact, les bromures d’argent permettent de réaliser sans effet de flou des tirages par agrandissement et donc l’usage de négatifs de petit format. Cette révolution technologique, liée à la simplification de la pratique qu’offrent la commercialisation d’appareils photographiques pour négatifs légers et faciles à transporter, ainsi que la mise à disposition de supports prêts à l’emploi qui restent sensibles longtemps avant exposition, va favoriser le développement d’un marché d’amateurs et de professionnels sans précédent.

PÉRIODE HISTORIQUE DE PRODUCTION ET D’UTILISATION

Les papiers dits « barytés » au gélatino-bromure d’argent sont composés d’une couche de sulfate de baryum intermédiaire entre le support et l’émulsion. Le sulfate de baryum est un pigment blanc qui, mélangé à la gélatine, permet d’augmenter la brillance et la blancheur des images. Dans le cas des papiers barytés mats, cette couche est très fine et des agents matant tel que l’amidon y sont ajoutés (voir détail agrandi de l’image) Le papier de support, de fabrication industrielle, fut commercialisé avec diverses textures (rugueux ou lisse) ou teintes (blanc pur ou chamois par exemple). Au cours des années 1950 des azurants optiques, identifiables par la fluorescence bleutée observée sous une lampe à rayons ultra-violets, furent introduits dans les supports afin de les rendre encore plus blancs. À partir de la fin des années 1960 les fabricants produisent des papiers plastiques (appelés RC pour Resin Coated aux États-Unis), afin de réduire les temps d’immersion dans les bains de traitement et de permettre un séchage plus rapide. Ces derniers sont composés d’un papier enveloppé par deux couches de polyéthylène, l’une pigmentée de blanc du côté de l’émulsion et l’autre transparente du côté du support. Le pigment blanc, à base de dioxyde de titane, peut être à l’origine de taches d’oxydation rousses. Certains photographes comme Jean Dieuzaide en France se sont élevés contre l’usage de ces papiers pour des raisons tant esthétiques que de conservation.

Afin de réaliser le tirage, l’image latente produite par l’exposition est développée dans un bain chimique alcalin qui réduit les sels d’argent exposés en argent métallique, noir. Après développement, l’image est plongée dans un bain d’arrêt acide afin de neutraliser l’action du révélateur, puis fixée dans une solution de thiosulfate de sodium chargée d’éliminer les bromures d’argent non exposés encore présents dans l’émulsion. L’épreuve est enfin lavée afin de solubiliser toute trace du fixateur qui, contenant du soufre, pourrait altérer le grain d’argent dans le temps. Bien que de tonalité naturelle noire neutre, les tirages obtenus par développement chimique peuvent présenter plusieurs tonalités et contrastes liées à l’usage de bains de virage. Le virage au soufre apparu dans les années 1910, appelé parfois virage sépia du fait des tons bruns chocolat qu’il procure, fut l’un des modes de virages les plus populaires jusque dans les années 1930. D’autres modes de virages plus rares comme ceux au platine ou au sélénium furent également employés.

Si la stabilité à la lumière des épreuves au gélatino-bromure d’argent est satisfaisante, l’action de l’humidité et des polluants peut créer des zones de métallisation (miroirs d’argent) ou d’oxydation de l’argent de l’image. Un traitement défectueux de l’image, notamment l’emploi d’un fixateur usagé ou un temps de lavage insuffisant, altère les images en produisant des taches jaunes ou brunes sur l’image ou sur le papier de support. Les tirages au bromure d’argent forment le procédé de tirage le plus utilisé au XXe siècle et, bien qu’encore commercialisés, deviennent progressivement obsolètes depuis l’apparition des impressions numériques monochromes du début du XXIe siècle.

Glossaire visuel des procédés photographiques © ARCP / Mairie de Paris, 2014

Visuels de haut en bas:
Renger-Patzsch Albert, Nature morte aux cerises, Collection Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
Détail agrandi © ARCP / Mairie de Paris, Jean-Philippe Boiteux

GLOSSAIRE

TIRAGE À DÉVELOPPEMENT CHROMOGÈNE

TIRAGE À DESTRUCTION DE COLORANTS

TIRAGE AU CHARBON

AUTOCHROME

DESSIN PHOTOGÉNIQUE

FERROTYPE

TIRAGE AU GÉLATINO-BROMURE D'ARGENT

AMBROTYPE

ARISTOTYPE

TIRAGE AU GÉLATINO-CHLORURE D'ARGENT DÉVELOPPÉ

PLATINOTYPE

TIRAGE À DÉVELOPPEMENT INSTANTANÉ

TIRAGE

TIRAGE FRESSON EN QUADRICHROMIE

PHOTOCHROME

PAPER SALÉ

NÉGATIF SUR PAPIER

IMPRESSION JET D'ENCRE PIGMENTAIRE

CYANOTYPE

TIRAGE À LA GOMME BICHROMATÉE

PROCÉDÉS PIGMENTAIRES