A propos
Ambrotype
L’ambrotype est un procédé monochrome positif direct. Il s'agit d'un négatif au collodion humide sur verre qui, présenté sur un fond sombre, est perçu comme un positif.
Anonyme, Portrait de famille, s.d., Collections Roger-Viollet / BHVP
Période historique de production et d’utilisation
Bien que les premiers portraits réalisés selon ce procédé aient été présentés par Frederick Scott Archer en 1851, puis par Adolphe Martin en 1852 sous le nom d’« amphitype », il n'est breveté sous cette dénomination qu'au cours de l'année 1854 par James Anson Ambrose Cutting. Le brevet fait état de la fabrication d'un positif direct au collodion sur plaque de verre scellé hermétiquement au baume du Canada, résine issue d'un sapin canadien.
Comparable au daguerréotype par sa nature de positif direct, mais moins coûteux et nécessitant un temps de pose moindre, l'ambrotype est couramment utilisé de 1854 jusqu'aux années 1870. Il connut un essor particulier aux États-Unis, tout particulièrement auprès des photographes-portraitistes.
Fabrication
Une plaque de verre préalablement nettoyée est recouverte d’une couche de collodion contenant des halogénures (iodure ou iodure et bromure) d'ammonium ou de potassium. Cette émulsion au collodion est plus riche en éther que celle utilisée pour la réalisation de négatifs au collodion traditionnels, afin d'obtenir une image blanchâtre, augmentant sa lisibilité sur le fond sombre sur lequel il sera posé. L'immersion dans une solution de nitrate d'argent permet une sensibilisation homogène avant exposition de la plaque encore humide. Après un développement dans un révélateur composé d'acide nitrique et de sulfate de fer, parfois additionné de nitrate d'argent, l'image est fixée dans un bain de thiosulfate de sodium ou de cyanure de potassium. L'utilisation du sulfate de fer confère à l'ambrotype une teinte laiteuse caractéristique. Après séchage, un vernis transparent est appliqué sur l’image, ainsi que parfois des rehauts de couleur.
Détail agrandi x 2 © ARCP / Mairie de Paris / Jean-Philippe Boiteux, 2015.
Le fond sombre sur lequel est placé le négatif obtenu, et dont la fonction est d’inverser la polarité de l’image, peut être de différente nature : papier, textile ou vernis à base de bitume de Judée et d'essence de térébenthine. Lorsque le fond sombre est placé contre le verre et non contre la couche image, une impression de profondeur, due à la séparation entre les blancs et les noirs de l’image, est créée. L’ensemble ainsi constitué était ensuite monté, tout comme le daguerréotype avec lequel il est alors souvent confondu, dans un cadre ou un écrin. Les caractéristiques esthétiques de ces deux procédés sont en effet proches, bien que les ambrotypes présentent moins de détails.
Détail agrandi x 8 © ARCP / Mairie de Paris / Jean-Philippe Boiteux, 2015.
Identification
L’identification d’un ambrotype peut se faire grâce à l’aspect laiteux, blanchâtre de l’image qui se voit à l’œil nu, à l’épaisseur de la plaque de verre souvent évidente dans les noirs, ainsi qu’à l’absence du phénomène amphitype (positif-négatif) propre au daguerréotype et qui permet de l’en distinguer, car ces deux procédés peuvent être facilement confondus quand ils sont présentés encadrés ou montés dans des écrins.
Altération
Les ambrotypes, constitués d’un support en verre, sont des objets fragiles susceptibles de se fêler, de se briser ou encore de s'opacifier avec le temps. La couche image au collodion, le vernis protecteur et la peinture noire du revers peuvent subir différentes altérations, les plus fréquentes étant l’écaillement de la peinture noire, le soulèvement ou le craquèlement de la couche de collodion, la ternissure de l’argent. Lorsque le fond sombre est altéré, l’image perd de sa lisibilité. Des variantes moins fragiles sur fine plaque de fer (ferrotype[1]) et sur toile cirée (panotype) ont été mises au point.
[1] Voir notice Ferrotype
Crédits
Glossaire visuel des procédés photographiques © ARCP / Mairie de Paris, 2023
Glossaire