A propos
Aristotype
Les aristotypes font partie des procédés à noircissement direct « à trois couches » : support papier, couche de sulfate de baryum (pigment blanc) mélangée à de la gélatine et enfin une couche image contenant du chlorure d’argent en suspension dans de la gélatine ou du collodion.
Lafayette, Sarah Bernhardt vers 1900, ca. 1900 © ARCP / Mairie de Paris, 2023
Période historique de production et d’utilisation
L’aristotype au collodion est commercialisé dès l’année 1867 par la Société de leptographie à la suite des travaux de Warton Simpson en Angleterre publiés en 1865 et de Martinez Sanchez et Jean Laurent en Espagne en 1866. C’est la première émulsion positive au collodio-chlorure d’argent et également le premier papier fabriqué industriellement présensibilisé. Les papiers au collodio-chlorure d’argent sont ensuite commercialisés en Allemagne par Obernetter en 1868 ou par Kurz en 1889 sous le nom de « papier à la celloïdine ».
L’aristotype à la gélatine, également dénommé « papier au gélatino-chlorure d’argent à noircissement direct » ou « papier citrate », introduit en 1882 par l’anglais William de Abney est surtout utilisé par les amateurs. Les débuts de sa fabrication industrielle remontent à l’année 1884 en Allemagne par Liesegang, qui lui donne le nom d’« aristotype ». En France, le développement de cette technique a lieu notamment à partir de 1892 avec la commercialisation du papier « Aristo » par les frères Lumière. C’est à partir de cette dénomination commerciale qu’est désignée, en France, l’ensemble de cette famille technologique. Au même moment, on assiste à la commercialisation du papier P.O.P. (printing out paper) par la firme Ilford et du papier Solio® par Kodak. Ces papiers sont peu sensibles, mais offrent une très bonne définition.
Ce procédé offre à la pratique photographique de nombreuses améliorations qui vont rapidement séduire les photographes amateurs, parmi lesquelles une utilisation simplifiée car prêt à l’emploi, une sensibilité accrue et une meilleure conservation. Il va ainsi peu à peu supplanter l’usage du papier albuminé et ce dès les années 1880, puis commencera à être délaissé après la Seconde Guerre mondiale, au profit des papiers à développement qui permettront à la fois de réduire les temps de pose et de s’émanciper des contraintes de format liées au tirage par contact. Toutefois les sociétés Kodak, puis Guilleminot notamment, vont continuer à produire des papiers aristotypes jusque dans les années 1990.
Fabrication
S’agissant d’un procédé à noircissement direct, l’exposition se fait par contact avec le négatif dans un châssis-presse, produisant une photographie positive sur papier aux dimensions identiques à celles du négatif. Après rinçage, l’épreuve est fixée puis virée, dans un bain de chlorure d’or le plus souvent, puis lavée. Par la suite, des papiers dits auto-vireurs seront mis sur le marché.
L’usage de la couche de sulfate de baryum entre le papier et la couche image permet d’obtenir des blancs plus purs et accentue les contrastes, la définition et la gamme de tons de la couche image. Les fibres du papier ne sont plus visibles, contrairement aux procédés à une ou deux couches. Ces papiers sont souvent brillants mais peuvent être rendus mats par le contrôle de leur épaisseur ou l’adjonction d’agents matant.
Détail agrandi x 2 © ARCP / Mairie de Paris, 2023
Détail agrandi x 8 © ARCP / Mairie de Paris, 2023
Identification
Les aristotypes présentent une très bonne définition de l’image ainsi que des tons chauds, allant du brun rougeâtre au gris violacé selon le type de virage réalisé et la nature du liant employé dans la préparation de la couche image. Leur aspect peut être brillant ou mat. S’il est le plus souvent possible d’identifier le liant par une observation visuelle de l’épreuve, le recours à une analyse scientifique plus poussée peut s’avérer nécessaire dans certains cas.
Altération et conservation
L’aristotype (au collodion ou à la gélatine) offre une bonne stabilité chimique s’il a été correctement fixé et lavé au moment du tirage.
Crédits
Glossaire visuel des procédés photographiques © ARCP / Mairie de Paris, 2023
Glossaire