A propos
Procédés Au Charbon
Le procédé au charbon est une technique basée sur la photosensiblité du bichromate de potassium mélangé à de la gélatine. Les procédés au charbon font partie des techniques « pigmentaires » de la photographie, dans lesquelles l’élément photosensible est le liant de l'image et non ses composants.
Anonyme, Antoine Bourdelle (1861-1929) assis dans les stalles de l'atelier, 1880-1929
Période historique de production et d’utilisation
Ce procédé constitue le mode de tirage pigmentaire le plus répandu au xixème siècle.
Il est breveté en 1855 par Louis-Alphonse Poitevin, qui met à profit les travaux antérieurs sur l’insolubilisation sous l’effet de la lumière des colloïdes – ici la gélatine – bichromatés, constituant un apport crucial à la recherche d’un procédé photographique permanent (concours du duc de Luynes).
À la toute fin du xixème siècle, des épreuves au charbon sans transfert, ou charbon direct, sont mises au point et commercialisées jusque dans les années 1950 : le « charbon-velours » d’Artigue et le « charbon-satin » de Fresson (voir notice). Les images obtenues avec ces techniques, plus veloutées et texturées, conviennent au courant pictorialiste.
Fabrication
Une feuille de papier est enduite d’un mélange de gélatine bichromatée et de pigment. Elle est ensuite séchée dans l’obscurité avant d’être exposée à la lumière au contact d’un négatif. L’image obtenue est dépouillée dans de l’eau tiède : tandis que les zones exposées à la lumière, insolubles, restent fixées au support, celles non insolées se dissolvent, laissant le papier apparent. Le principe initial exposé par Poitevin ne permet cependant pas de restituer correctement les demi-teintes, qui sont éliminées lors du dépouillement. Le transfert intermédiaire de la couche image lors de l’opération de dépouillement permet de stabiliser et de garder ces demi-teintes, donnant naissance au procédé dit « charbon transfert », inventée dès 1860. Afin de pallier l’inversion de l’image obtenue lors de ce transfert simple, les photographes ont par la suite mis au point la technique du double transfert permettant de restituer le sens réel de l’image. À cette même époque, des papiers pigmentés commencent à être commercialisés et les pigments utilisés se diversifient, qu’il s’agisse de la terre de Sienne, de l’indigo, du bleu de Prusse ou du sépia. En France on peut citer Braun comme un des grands utilisateurs de ce procédé et en Angleterre Swann.
Identification
L’aspect des épreuves au charbon peut être satiné ou mat. Le procédé procure des images aux tonalités diverses en fonction du pigment utilisé. Les teintes les plus couramment utilisées sont le brun chocolat, le brun violacé et le noir.
Altération
Le pigment, composant de l’image, étant typiquement stable, le procédé au charbon jouit d’une excellente stabilité, à l’instar des autres techniques photographiques pigmentaires. Le procédé est d’ailleurs aussi connu sous le nom de « photographies inaltérable ».
Crédits
Glossaire visuel des procédés photographiques © ARCP / Mairie de Paris, 2023
Glossaire