A propos
Procédés À Développement Instantané
Le principe du développement instantané permet d’obtenir une image photographique de manière immédiate, juste après la prise de vue, sans avoir à passer par le laboratoire.
Raphaël Tiberghien, Titi au pistolet, 1998, Verso du tirage présentant le code de fabrication du film Polaroid Série 600® qui permet d’identifier le type de film ainsi que sa date de fabrication
Période historique de production et d’utilisation
C’est en 1948, qu’Edwin H. Land, scientifique américain, met au point le premier appareil photographique instantané sous le nom de Polaroid® 95. Jusque dans les années 1960, les images obtenues étaient en noir et blanc ; il faudra attendre l’année 1962 pour voir apparaître les films Polaroid® couleur. En 1972, l’usine Polaroid présente le SX-7O, appareil instantané permettant d’obtenir une épreuve de manière totalement automatique.
Le succès du Polaroid® fut immédiat auprès du grand public de par sa simplicité, mais également pour son instantanéité auprès de nombreux photographes professionnels, qui l’utilisèrent comme test pour évaluer l’éclairage, la composition et l’exposition de leur prise de vue. Des artistes, tels qu’Andy Warhol ou Robert Mappelthorpe l’utilisèrent également. D’autres marques telles que Kodak (de 1976 à 1986), puis Fuji (à partir de 1991) ont produit des films à développement instantané.
En 2008, la société Polaroid annonce l’arrêt de la production des films instantanés. Mais dès 2008, Florian Kaps, créateur du site internet polaroid.com, initie The impossible project : la production est relancée avec le soutien d’anciens employés de la société Polaroid et en collaboration avec Ilford, qui a abouti à la commercialisation en 2010 d’un nouveau film instantané, similaire au SX 70. L’entreprise Fuji produit quant à elle depuis 1998 le film Instax® en trois formats (mini, square et wide).
Fabrication
Le principe des photographies à développement instantané repose, comme la plupart des procédés photographiques, sur l’association d’un négatif et d’un positif. Le papier récepteur qui deviendra le positif est mis en contact avec le négatif entre deux rouleaux situés à l’intérieur de l’appareil. Lors du passage entre ces rouleaux, une gousse contenant le révélateur est écrasée, libérant ainsi le produit qui se répand entre le négatif et le positif. L’image se forme ensuite selon le processus de diffusion et transfert.
Pour les films noir et blanc, les sels photosensibles non insolés migrent du négatif vers le positif. Pour les films couleur, ce sont les colorants qui migrent d’un support à l’autre. Une ultime réaction chimique permet de fixer l’image et donc de la visualiser directement à la lumière du jour après une minute d’attente.
Deux types de films sont à distinguer : le film séparable (ou détachable) et le film intégral.
Dans le premier cas, après exposition, l’opérateur tire le film hors de l’appareil. Après quelques instants, le négatif est séparé manuellement du positif, puis éliminé ou fixé et gardé.
© ARCP / Mairie de Paris, 2023
Dans le cas des films intégraux, utilisés à partir de 1972, la photographie est directement éjectée hors de l’appareil, il n’y a plus d’étape manuelle et de production de déchets imbibés de produits chimiques. Un des avantages des films intégraux est le fait d’avoir un procédé « propre » qui ne salit plus les mains du photographe et qui simplifie l’usage du procédé pour les amateurs.
La photographie à développement instantané permet en outre des utilisations détournées du procédé, comme le transport d’émulsion, où la couche image est séparée de son support initial dans un bain d’eau chaude, puis replacée sur un nouveau support qui peut être du papier, du métal ou du tissu, ou encore le transfert de colorants directement sur un nouveau papier de type papier aquarelle.
© ARCP / Mairie de Paris, 2023
Identification
Les Polaroid® sont facilement identifiables par leur aspect brillant et plastifié et par leurs marges blanches standardisées et amples. Le format amateur du SX 70 a un format de 3,5x4,5 pouces (9x11,5 cm), les autres formats professionnels sont les 4x5 pouces (10x12,5 cm) et le 8x10 pouces (18x25 cm). Un appareil de grand format (« mammouth ») de 20x24 pouces (41x60 cm) a été fabriqué par Polaroid pour la production de photographies artistiques.
Altération
Les températures élevées accélèrent fortement la dégradation des colorants utilisés en photographies couleur, mais aussi celle du papier, des adhésifs et des plastiques. Une exposition prolongée à la lumière des photographies peut entraîner des changements de couleur irréversibles et une réduction du contraste ou, typiquement dans le cas des Polaroid®, un fort jaunissement des blancs de l’image. En cas d’humidité relative très faible ou fluctuante, la couche image délicate des Polaroid® d’une certaine période peut se fissurer. D’autres altérations sont possibles selon les différents types de films Polaroid® ou d’autres marques de films instantanés (décollement, oxydation de l’image avec apparition de taches).
Crédits
Glossaire visuel des procédés photographiques © ARCP / Mairie de Paris, 2023
Glossaire