Procédés Aux Encres Grasses

A propos


Le principe technologique de cette famille est basé sur la répulsion entre encre hydrophobe et eau, l’encre étant appliquée à la surface d’une matrice gélatinée, gorgée plus ou moins d’eau selon les valeurs de l’image.

Sans titre, Tirage bromoil sur papier baryté © Constance Asseman, 2015

Période historique de production et d’utilisation


La fin du xixème voit se développer le courant de la photographie « pictorialiste », au sein duquel les photographes ayant une ambition artistique cherchent à se démarquer de la photographie industrielle naissante (cf. Kodak). Ces photographes valorisent les effets, l’interprétation personnelle et l’intervention manuelle de l’auteur dans la réalisation de ses images. Parmi les procédés photographiques artisanaux accompagnant ce courant on distingue les procédés aux encres grasses. 

Le procédé à l’huile ou oléotypie


Le principe du tirage à l’huile est décrit dès 1855 par Alphonse Poitevin. Le procédé est amélioré par G.E. Rawlins en 1904.

Une feuille de papier gélatinée est sensibilisée avec une solution de bichromate de potassium, puis exposée à la lumière au contact du négatif. Par l’action du bichromate, la gélatine s’insolubilise en proportion de la luminosité reçue. La feuille est ensuite immergée dans de l’eau : les zones non insolées, restées tendres, vont se gorger d’eau alors qu’inversement les zones insolées (tannées) ne vont pas se gonfler. La feuille est à ce stade encrée au moyen d’un pinceau, d’un rouleau ou bien de la combinaison des deux. L’encre grasse, hydrophobe, est repoussée des zones chargées en eau et imprègne les zones sèches. Lors de cette opération, délicate et qui requiert souvent plusieurs passages successifs, l’opérateur peut intervenir directement dans la formation de l’image en apportant ou retenant l’encre à volonté. 

Le procédé bromoil ou oléobromie


E.J. Wall mit au point ce procédé 1907 comme une variante du procédé à l’huile et présenté comme en étant une simplification de ce dernier. Les deux termes employés pour désigner le procédé illustrent son caractère hybride : « Oléo- »/« -oil » font référence à l’encre grasse qui compose l’image, appliquée au moyen d’un rouleau ou d’un pinceau et «-bromie»/ « bro-» au support gélatino-bromure de l’épreuve

Une feuille de papier au gélatino-bromure d’argent est exposée sous un négatif à travers un agrandisseur. L’épreuve gélatino-argentique subit une réaction chimique dans un bain de blanchiment, lors duquel la gélatine du papier photographique se tanne (durcit) proportionnellement aux densités de l’image argentique qui elle, est « éliminée » dans de ce même bain. Les étapes qui suivent la réalisation du tirage sont alors identiques à celles du tirage à l’huile.

Report des épreuves et commercialisation


À partir de 1911, Robert Demachy émet l’éventualité de reporter les épreuves aux encres grasses sur des papiers beaux-arts ou encore des papiers Japon au moyen d’une presse lithographique. La pratique du report sera importante dans la pratique des procédés à l’huile.

Malgré leur caractère artisanal, les procédés aux encres grasses font l’objet d’une commercialisation : pinceaux « pieds de biche » en poils de putois et encres de James A. Sinclair & Co. of London et papiers gélatino-bromure spéciaux commercialisés par Wellington, Ilford ou encore Kodak. L’arrêt dans les années 1950 de la commercialisation de ces fournitures marque le déclin du procédé.

Crédits


Glossaire visuel des procédés photographiques © ARCP / Mairie de Paris, 2023

Glossaire


Ambrotype

Aristotype

Autochrome

Cyanotype

Daguerréotype

Dessin Photogénique

Ferrotype

Impression Jet D’encre Pigmentaire