Seconde peau/Double peau 

Organisée dans le cadre de l’exposition The Last Photo, cette conversation réunit la collectionneuse et commissaire d’exposition Estrellita B. Brodsky ainsi que les artistes Tania Franco Klein et Martine Gutierrez pour évoquer la photographie comme outil de construction du récit de soi, permettant d’affirmer une identité, une différence de genre et de culture, ainsi qu’un engagement politique. Rencontre modérée par Marie Perennès, commissaire d’exposition.

Avec Marie Perennès


Diplômée de l’École du Louvre et de l’Université Paris I – Panthéon Sorbonne, Marie Perennès est historienne de l’art et commissaire d’exposition indépendante. Spécialiste des arts latino-américains, ses recherches portent notamment sur les artistes femmes et la représentation des luttes sociales et politiques. Ses expositions et projets explorent également la réception occidentale des pratiques issues de scènes artistiques non occidentales, ainsi que les relations entre art, artisanat et traditions autochtones, remettant en question les frontières et hiérarchies établies au sein d’une histoire de l’art globalisée.

Elle a été conservatrice à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris de 2017 à 2024. Elle a notamment été commissaire des expositions Autophoto (2017), Géométries Sud du Mexique à la Terre de Feu (2018), Nous les Arbres (2019), Damien Hirst (2021), Graciela Iturbide (2022) et Olga de Amaral (2024).

Elle collabore régulièrement avec des musées, des galeries et des collectionneurs privés en Amérique du nord et Amérique latine, notamment avec des institutions telles que l’ICA (Miami), le MALBA (Buenos Aires, Argentine) et le Banco de la República (Bogotá, Colombie).

Estrellita B. Brodsky  


Estrellita B. Brodsky est commissaire d’exposition, collectionneuse et philanthrope, reconnue internationalement pour avoir contribué à promouvoir la présence de l’art d’Amérique latine et de sa diaspora sur la scène mondiale.

Elle est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art de l’Institute of Fine Arts de l’Université de New York, où sa thèse intitulée Latin American Artists in Post-War Paris a reçu le prix de la meilleure thèse doctorale décerné par l’Association of Latin American Art.

Brodsky a organisé d’importantes expositions internationales aux États-Unis et en Amérique latine, notamment Julio Le Parc: Form into Action (Pérez Art Museum Miami, 2016–2017 ; puis à São Paulo et Buenos Aires) ; Carlos Cruz-Diez: (In)Formed by Color (Americas Society, 2008) ; et Jesús Soto: Paris and Beyond, 1950–1970 (Grey Art Gallery, NYU, 2012). Elle a également enseigné et publié de nombreux travaux dans ce domaine.

Depuis 2015, elle est directrice fondatrice d’ANOTHER SPACE, une initiative curatoriale de recherche de la Daniel and Estrellita B. Brodsky Foundation, dédiée à la promotion de dialogues mondiaux autour de l’art latino-américain.

Brodsky a œuvré pour des changements structurels au sein des grandes institutions culturelles en créant des postes de conservateurs et en soutenant des initiatives consacrées à l’art latino-américain au Metropolitan Museum of Art, au MoMA, à la Tate Modern, au Centre Pompidou et au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden. Elle a également encouragé la recherche académique en finançant des bourses à Hunter College et à l’Institute of Fine Arts de l’Université de New York.

Ancienne coprésidente du conseil d’administration d’El Museo del Barrio, Brodsky est actuellement présidente du conseil d’administration du Hirshhorn Museum and Sculpture Garden

Martine Gutierrez 


Martine Gutierrez est une artiste transdisciplinaire qui utilise la photographie et la vidéo pour détourner les codes et les mises en scène de la culture populaire, explorant les multiples facettes de l’identité — à la fois personnelle et collectivement liée aux idéologies du pouvoir, de la beauté et de l’héritage.

À travers un ensemble d’œuvres qui s’étend des panneaux publicitaires aux films épisodiques, des clips musicaux jusqu’à son célèbre magazine Indigenous Woman, Gutierrez réinvente les propres dispositifs publicitaires qui vendent les identités qu’elle déconstruit. Son étude de la publicité lui permet d’hybrider l’objectification du corps et du désir propre à l’industrie avec la quête intime de soi, sapant avec ironie les esthétiques familières de notre quotidien visuel. En fabriquant des figures de « célébrité » capables de se faire passer pour des multinationales, Gutierrez incarne elle-même tous les rôles — à la fois sujet, artiste et muse.

En brouillant les frontières entre les binarités, elle remet en cause leur construction même et affirme que le genre, comme toute chose, est intriqué — rejetant le cadre rigide d’une pensée oppositive et linéaire. Ces entrelacements complexes puisent dans sa propre histoire multiculturelle : artiste de première génération d’ascendance autochtone et alliée de la communauté LGBTQ+, Gutierrez fait de son image un terrain mouvant, malléable, en perpétuelle transformation. Son autoportrait en constante évolution devient ainsi un répertoire des rencontres entre des modes d’expression apparemment disjoints, révélant un potentiel infini de réinvention et de réinterprétation.

Programmation - Paris Photo 2025


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