Zexuan ZENG

« The internal crusade » 

Kunsthochschule für Medien Köln (Allemagne) Master


Photographie du projet « The internal crusade » de Zexuan ZENG

Biographie


Zexuan Zeng (né en 1997) est originaire du sud-est de la Chine. Il a étudié le design graphique à la SHNU à partir de 2015. Un an plus tard, il commence à travailler comme artiste et designer indépendant. En 2021, il rejoint la KHM en Allemagne. Depuis, il développe une pratique mêlant photographie, écriture, vidéo et arts graphiques. Il s’intéresse à la gestion des flux émotionnels dans l’image, aux liens entre documentaire et fiction, ainsi qu’à l’auto-référentialité de la mémoire. Son travail a été présenté en Chine, en Allemagne et au Japon.

Le projet


En 1934, le Parti communiste chinois se trouve confronté à une situation de vie ou de mort, encerclé à plusieurs reprises par les forces du Kuomintang. Il décide alors de fuir la République soviétique chinoise (CSR, 1931–1937). Depuis le sud du Jiangxi, ils prennent la route vers l’ouest jusqu’au Yunnan, puis tournent vers le nord pour rejoindre finalement le Shanxi. Cette migration, qui dure un an, traverse presque toute la Chine. Au départ, ils étaient près de 86 000 dans l’Armée rouge ; seuls environ 8 000 survivront. Les dirigeants de l’époque formeront plus tard le premier gouvernement de la nouvelle République populaire de Chine. Cet épisode est connu sous le nom de « Longue Marche ».

Je suis né et j’ai grandi à Ganzhou, dans le Jiangxi, cœur de l’ancienne CSR et point de départ de la Longue Marche. « Le Parti communiste est né ici », disait-on souvent. L’éducation patriotique remplissait tous mes manuels scolaires, et les emblèmes du Parti, les étoiles rouges et les pancartes sur la Longue Marche étaient présents à chaque coin de rue. En grandissant, le retour de Hong Kong, la politique de l’enfant unique, les séismes, les Jeux olympiques ou encore la pandémie de Covid ont tous été racontés à travers la métaphore de la Longue Marche. Elle est devenue un mot-clé porteur d’un sens unique : « Toute souffrance est un voyage, et tout voyage doit mener au succès. » J’ai compris qu’elle était devenue un outil culturel permettant de transformer la souffrance individuelle en sacrifice nécessaire pour le bien du collectif.

Photographie du projet « The internal crusade » de Zexuan ZENG

Photographie du projet « The internal crusade » de Zexuan ZENG

À l’été 2024, j’ai entrepris un voyage de deux mois sur les traces de cet itinéraire, documentant les représentations symboliques de la Longue Marche et les habitants qui vivent le long de ce parcours. Nous vivons dans une illusion façonnée par des récits mensongers ; nos intentions deviennent des tâches, nos expériences sont martelées en luttes. Derrière le récit de la Longue Marche, n’y a-t-il pas un cri pour une révolution inachevée ? L’image du dieu que nous vénérons est désormais si floue qu’elle se délite dans la vulgarité. Nous semblons aimer la souffrance. En apparence, nous la rejetons, mais lorsqu’elle disparaît, c’est un vide incontrôlable qui s’installe.