« I was made in my motherboard… »
AKTO College by Middlesex University of London (Londres) Master
« I was made in my motherboard… »
AKTO College by Middlesex University of London (Londres) Master
Photographie du projet «I was made in my motherboard…» de Michael Almiroudis
Biographie
Instagram: @michael_alm
Michael Almiroudis (né en 1995) est un artiste visuel et photographe basé à Athènes. Titulaire d’un BA, il termine actuellement un Master of Fine Arts à Middlesex University. Son travail explore la création d’images par intelligence artificielle, la sémiotique visuelle et la théorie post-humaine. Son projet basé sur des GAN, I Was Made in My Motherboard, a été publié dans un numéro spécial de Der Greif consacré à l’IA, lancé à Paris Photo 2024. Il a exposé à la Pinakothek der Moderne (2023), à Polycopies Paris (2022) et au CNA Luxembourg. Il est également éditeur contributeur pour Phases Magazine, où il propose une lecture critique de la culture visuelle contemporaine.
Le projet
« I Was Made in My Motherboard » est une expérience visuelle typologique dans laquelle l’intelligence artificielle - à travers les algorithmes GAN - ne se contente pas d’agir comme un simple outil, mais émerge comme co-créatrice du regard. Chaque nature morte générée défie toute représentation littérale. Ces images sculptent la possibilité d’un « soi », non pas à travers la mémoire ou l’émotion, mais par la simulation, la répétition et le regard machinique.
L’invite originale :
« Objectif 85mm, niveau de gris haute résolution, cadrage serré, une nature morte où l’on peut imaginer vos réseaux adversariaux comme un soi ou un lieu »
fonctionne comme une commande, une ligne de code procédural. Pourtant, les images qu’elle produit demeurent ouvertes - denses en symboles, en tensions, en abstractions réfléchies.
Ce projet a été conçu avant ma rencontre avec l’ouvrage fondamental de N. Katherine Hayles, My Mother Was a Computer. La lecture de ce texte a ensuite constitué un pivot conceptuel rétroactif. J’ai alors compris combien la « carte mère » - à la fois site littéral et matrice symbolique - résonnait avec l’exploration de Hayles sur la subjectivité computationnelle, où l’humain et la machine ne s’opposent plus, mais sont liés dans une logique co-constitutive.
Photographie du projet «I was made in my motherboard…» de Michael Almiroudis
Photographie du projet «I was made in my motherboard…» de Michael Almiroudis
Hayles propose un sujet numérique constitué de flux d’information, de rétroactions systémiques et de code - une notion qui résonne profondément avec ces idoles mécaniques auto-générées du projet, qui ne ressemblent ni à des humains ni à des machines, mais s’expriment à travers les deux. Elles ne ressentent pas, elles ne se souviennent pas, mais elles apparaissent. Et leur simple apparition devient un espace de contemplation.
Cette série ne nous invite pas à décoder l’intelligence artificielle comme un nouvel outil de création d’image, mais à la considérer comme un processus asymétrique d’auto-référence et de déplacement symbolique. Ces natures mortes ne revendiquent pas de sens ; elles suggèrent l’être - comme présence, comme dispositif, comme surface.
À l’ère du post-Principe de raison suffisante - où logique, code et représentation se sont effondrés les uns dans les autres - cette œuvre ne cherche pas l’explication, mais l’observation autoréférentielle. Non pas le créateur, mais l’opérateur. Non pas la commande, mais la condition de son exécution.
Dans cet espace, le sens n’est pas révélé, il est distribué. Le spectateur devient partie intégrante du système - non pour le comprendre, mais pour l’observer s’observant lui-même.