Nicolas Lebeau

« Would u wear my eyezz » 

École cantonale d'art de Lausanne (Suisse) Master


Photographie du projet « Would u wear my eyezz » de Nicolas Lebeau

Biographie


Instagram: @laconieauleb

Interrogeant la valeur, la nature et le sens des images aujourd’hui, Nicolas Lebeau détourne le médium photographique pour créer des espaces de résistance intime et végétale entre le virtuel et le matériel. Diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy en 2024, il poursuit actuellement un Master à l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL). Son travail fait régulièrement l’objet de publications, expositions personnelles et collectives en France, notamment à la Galerie Mennour (Prix Mennour Émergence), au Centre d’art Ygrec, à la Tour Orion, à la Fondation Francès ou encore à la Grande Halle de La Villette dans le cadre de 100% L’EXPO.

Le projet


Des lettres rouges maculées de sang, taguées sur un abribus vandalisé, proclament : « Vivre libre ou mourir ». Un homme se protège le visage d’une grenade lacrymogène, un autre, les yeux bandés, porte un uniforme militaire. Cagoulés ou masqués, les personnages qui peuplent les compositions de Nicolas Lebeau cherchent à se libérer, à s’extraire du cadre pour préserver leur anonymat et échapper au traçage des données. Ses mosaïques fragmentées ne révèlent qu’une partie de l’image globale. La source des scènes évoquées importe peu : issues de l’application de messagerie Telegram ou de la couverture médiatique des conflits et manifestations actuels à travers le monde, les images qu’il entreprend de réapproprier dessinent un monde en crise.

Sa pratique s’ancre dans l’art du détournement : physique, par la manipulation des outils utilisés pour imprimer ses compositions et son intervention directe dans les fichiers sources ; conceptuel, par le choix d’images superposées préexistantes. Cette multiplicité de sources donne lieu à un dialogue ou une confrontation entre contextes situés et hautement politiques. Privées de toute référence et de leur contexte d’origine, ces images contribuent à créer un archive mondiale, anonyme, de la résistance. Sans savoir exactement ce qu’elles combattent, ses compositions orchestrent les prémices d’une révolte. Jamais explicites, la violence et le conflit ne sont qu’évoqués. Pourtant, une atmosphère empreinte de rébellion s’en dégage.

 

Photographie du projet « Would u wear my eyezz » de Nicolas Lebeau

Photographie du projet « Would u wear my eyezz » de Nicolas Lebeau

La superposition de ses compositions rend toute lecture totalisante impossible. La pixellisation ou la pigmentation extrême des fichiers sources saturent ses œuvres de couleurs vives et dissonantes, comme un défi lancé au réel ou un appel à l’action. Les découpes irrégulières instaurent un rythme discordant, rappelant la mauvaise réception d’un signal défaillant. Si des fictions absurdes et des théories du complot sont inventées quotidiennement pour instrumentaliser la pensée par l’image, pourquoi ne pas employer ces mêmes outils à des fins plus engageantes ? À l’heure où les conflits mondiaux sont vécus en direct à travers des technologies de plus en plus prédatrices, la pratique de Lebeau nous confronte à l’état d’anesthésie et de somnolence générale qui nous entoure, tentant un réveil poétique et collectif à l’aube d’un avenir plus lumineux.