An Unending Sunday morning

Pendant le confinement lié au Covid-19, je suis allé dans différents quartiers de Londres en vélo pour photographier des personnes trans et non binaires à l’extérieur de chez elles. "Un Dimanche Matin sans fin" est une documentation photographique de nos expériences uniques et de nos sentiments d’isolement, de séparation et de lutte. Bien que cet ensemble de travaux se concentre sur les effets de la pandémie mondiale, c'est également une exploration de la façon dont ces émotions atemporelles existent en dehors de cette période si particulière.

L’œuvre pourrait ressembler à une collection de rencontres spontanées avec des individus qui regardent l’objectif à l’extérieur ou près de chez eux. Ces photographies grand format en noir et blanc suggèrent ainsi une réalité parallèle potentielle, dans laquelle ces portraits auraient pu ou non être pris un dimanche matin. Entre janvier et avril 2021, j’ai parcouru 600 kilomètres à vélo et photographié quarante-cinq personnes. À chaque rencontre et à chaque photo, j’ai également approfondi leurs histoires et nos expériences partagées.

Le processus de réalisation de cette série a été aussi important que les résultats - des échanges d'emails, aux promenades à vélo dans des conditions météorologiques difficiles, au développement des pellicules dans ma cuisine. La série a également servi de mécanisme d’adaptation, d’espace de réflexion et de moyen de rester optimiste malgré les défis liés à la crise sanitaire. Le titre de la série vient de ce sens continu et particulier du temps développé à la suite de la pandémie - où chaque jour de la semaine ressemble à un « Dimanche Matin sans fin ».

EMIL LOMBARDO

Je suis un photographe d’origine argentine et basé à Londres. Avant de déménager au Royaume-Uni, j’ai vécu à Paris où j’ai obtenu une maîtrise en graphisme à l’Université Pierre et Marie Curie en 2010. Tout en terminant mon diplôme, j’ai commencé à faire des portraits en tant que photographe autodidacte et j’ai pratiqué pendant dix ans avant de passer un Master en Photographie au Royal College of Art. J’ai obtenu mon diplôme cette année.

Mon travail s'intéresse aux règles qui s'appliquent au corps et au genre, à la représentation et la visibilité des identités dissidentes. Mon travail incarne à la fois des notions documentaires et militantes. J’utilise la caméra comme un outil pour promouvoir l’égalité et le changement positif. Je confronte le regard cisgenre et l’hétéronormativité hégémonique en subvertissant l’œil fétichisé de l’appareil. Travailler avec ma communauté participe à la formation d'une perspective collective, interne et impartiale de notre représentation dans la photographie.

Tout au long de ma travail j’utilise un appareil photo grand format, accompagné d’un processus de ralentissement me permettant de développer une relation avec les personnes que je photographie. Je cherche à documenter la vie et les récits des autres ainsi que les intersections fréquentes avec mes propres expériences. En ce sens, je considère mon travail comme une méthode d’exploration de ma propre identité de genre et de ma sexualité.

Bien que mes séries photographiques occupent des espaces de galerie, elles sont également utilisées dans des campagnes d’art de rue à travers lesquelles je tente de soulever d’autres questions sur l'accès et le privilège.