Interview de Florence Bourgeois et Anna Planas


Retrouvez l'interview de Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo et Anna Planas au sujet de la nouvelle édition de Paris Photo 2025. Propos recueillis par Virginie Huet. 



Rebekka Deubner, Portrait d'Anna Planas & Florence Bourgeois, 2025

Pour sa 28ème édition, Paris Photo donne un nouveau rythme à son parcours de visite. Quel en est le principe ?


Florence Bourgeois : Nous avions déjà repensé l’implantation de la foire l’an dernier, pour son retour dans un Grand Palais magnifié et étendu. Cette année, Voices rejoint la nef, où le parcours sera ponctué de projets Prismes. Ces respirations créées dans le secteur Principal sont autant de ponts jetés avec les secteurs Digital ou Éditions, tout aussi essentiels et intégrés à cette dynamique.

Anna Planas : Ce parcours plus séquencé tient aussi un discours sur l’image, comme le prouvent les installations expérimentales d’Adrian Sauer ou de Sophie Ristelhueber, lauréate du prix Hasselblad 2025, qui offriront un contrepoint conceptuel à la pièce historique d’August Sander présentée l’an dernier. Un ton inspirant donné dès l’entrée VIP, avec la collection de la curatrice et philanthrope new-yorkaise Estrellita B. Brodsky, fervente supportrice de la scène latino-américaine et de sa diaspora.

Toujours plus internationale, Paris Photo persiste à élargir son horizon. À quelles scènes portera-t-elle attention ? 


Anna Planas : Nous voyageons tout au long de l’année pour aller à la rencontre d’artistes, de galeristes, de conservateurs et de commissaires étrangers. Les scènes indienne, proche et moyen-orientale, mais aussi polonaise seront ainsi mises en avant grâce à la première participation des galeries Vadehra Art (New Delhi), Ayyam (Dubaï), Hafez (Jeddah) ou Raster (Varsovie).

Florence Bourgeois : La scène japonaise revient elle aussi en force, avec neuf galeries et quatre éditeurs. Cette diversité se retrouve également dans le secteur Émergence, qui réunira vingt talents venus du Soudan du Sud, du Mexique ou du Venezuela. 

La constellation de commissaires associées à la foire enrichit encore ces perspectives... 


Anna Planas: Paris Photo est un vaste projet collaboratif. Travailler avec Nadine Wietlisbach, directrice du Fotomuseum Winterthur, Dr Devika Singh, maître de conférences à l’Institut Courtauld, et Devrim Bayar, curatrice senior à KANAL - Centre Pompidou est une chance immense : chacune, avec son regard, son expertise, nous donne de nouvelles clés de lecture.

Florence Bourgeois: Ce casting 100 % féminin, comme notre équipe, fait quelque part écho au parcours Elles x Paris Photo, soutenu par le Ministère de la Culture. Une initiative vertueuse grâce à laquelle la représentation des artistes femmes sur la foire a presque doublé en sept ans. 

À travers ses conversations, Paris Photo élargit sa communauté à d’autres profils. Quel est l’esprit de ce programme ?


Anna Planas: Perméable à la vidéo, à la sculpture comme à la performance, la photographie est un open medium dont la foire retrace l’histoire et anticipe l’avenir.D’un stand à l’autre, le visiteur navigue entre XIXe siècle et ère digitale, de Julia Margaret Cameron à Tarrah Krajnak, en passant par Julio Le Parc et Marisa González, deux précurseurs de l’art génératif. Nos conversations prolongent ces correspondances en donnant l’opportunité aux artistes et galeristes présents sur la foire de dialoguer avec des écrivains, philosophes, designers, cinéastes… Cette année, Sophie Ristelhueber, Carmen Winant ou Martine Gutierrez participeront à ces temps d’échanges privilégiés qui ouvrent de nouveaux champs de réflexion.

Florence Bourgeois: Ces rendez-vous s’adressent autant aux initiés qu’au grand public. Paris Photo prend très à cœur sa mission de transmission : l’an dernier, nous avions créé un espace pédagogique interactif dédié au livre photo jeunesse, coproduit par l’Institut pour la photographie et Photo Elysée. Cette année, Michel Poivert donnera un cours magistral sur la notion de laboratoire, ouvert à toutes et tous, en partenariat avec le Collège International de Photographie du Grand Paris.

En ces temps incertains, comment la foire parvient-elle à garder le cap ?


Florence Bourgeois: Malgré les turbulences, Paris Photo reste un haut lieu de rencontres pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Près de 200 institutions s’y pressent chaque année ! Notre position de leader sur le marché international doit beaucoup à nos deux comités de sélection, qui garantissent la qualité et l’originalité des projets présentés.

Anna Planas: La foire est en perpétuel mouvement pour rester à l’affût des dernières tendances et redécouvertes d’un art bientôt bicentenaire. Cet état de veille permanent fait de Paris Photo un grand moment de cristallisation.

Rebekka Deubner, Portrait d'Anna Planas & Florence Bourgeois, 2025

Programmation - Paris Photo 2025


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