« Ma grand-mère paternelle, Micheline, baptisée Marcelle à la naissance, est née sous les bombardements à Paris en 1943. Elle passera la première année de sa vie dans une institution avant que sa mère ne parte en Suisse avec elle.
Au cours d'un dîner, ma grand-mère me confie que pendant des années, elle a cherché à connaître l'identité de son père, en vain. Son intention était de trouver une photo de lui, de projeter un visage sur le sien. Les seules informations dont elle disposait étaient un nom et un prénom : Marcel Bousselaire. J'ai alors mené mon enquête. D'abord sur le Net, puis auprès d'institutions parisiennes. De fil en aiguille, l'histoire de cet énigmatique Bousselaire se matérialise :
“ Madame, par votre demande dans la salle d’inventaire virtuelle enregistrée le 20 janvier 2020, vous avez informé les Archives nationales de vos recherches sur votre arrière-grand-père : Marcel Armand Bousselaire, né le 13 octobre 1901 à Couture-Boussey, exécuté à Montrouge en 1947 pour avoir été dans la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. Marcel Bousselaire faisait partie des auxiliaires français de la Gestapo allemande de la rue des Saussaies à Paris. Il a été condamné à mort, à la dégradation nationale et à la confiscation de ses biens par une décision de la Cour de justice de la Seine le 6 mars 1947. Son appel a été rejeté le 28 mars 1947 ; il a été exécuté le 14 août 1947. Le dossier d’instruction le concernant ainsi que 14 co-accusés est conservé aux Archives nationales sous les numéros Z/6/347 et 348, dossier n°. 3699.”
Marcel(le) se caractérise par l'absence de la figure du père ; par une idée d’attente, d'enfermement, d’image manquante. Exposer ce travail à Paris, serait une belle oportunité pour réactiver ce passé familial à sa juste place ; exhumer une mémoire tant individuelle que nationale. »